Vincent Boulanger Photographe


Démarche artistique

  

ARGATTI, THE PAGE SCRATCHER

 

…The artist has never made the slightest distinction between the figurative and the abstract.  Quite simply, his own approach led him spontaneously to abstraction from 1965/66 onwards.  For him, a work must be embraced in a single glance, like an instant photo or a road accident.  It must give the viewer that trigger, that emotional and visual shock.  He is not one for detail.  Before tackling a canvas or drawing, he first tests many maquettes based on a specific theme, trying to exhaust it in his mind, and his sketchbooks pile up…

 

Argatti first works on paper or with other ordinary materials, whatever the format or the tool.  What counts is to transfer something personal onto it, to leave an impression, a trace.  He builds. Then, very quickly, he wants to destroy.  So he hacks and he scratches whatever he has just created. He has always done this, almost always.  For many years, all his works have been hacked and scratched.  A sign of permanent dissatisfaction?  Perhaps.  But also of impatience, impatience to finish and to move on to something else.

 

Regarding the canvas, the artist is fond of large formats.  For several years he has been handling them in series, by theme, based on his own way of looking at things: Cliff, New York, Nudes, music, dance…

 

In 2005 the reform of the CPE (Contract of First Employment)  and street demonstrations attracted the artist’s attention particularly to the media, giving rise to the series Chaos, which is very much action painting.  Chaos asks questions – and questions us – on the following issue: “How does one get out of the trap of a society falling apart due to its lack of culture?”  Like a sort of life-line which the artist was wanting to offer to Humanity, an open door leading to lengthy philosophical reflection.   Much along the same lines, the painter was drawn to the theme of music in 2006.  Not knowing how to write music, he invented his own scores which, by the way, are on show at the Regional Centre (Hôtel de Région) in Rouen.  Throughout 2007, Dance followed.  The pictorial work was built up slowly, inspired by the numerous shows which had inspired the artist.  The result is very large canvases, which he subsequently exhibited at the Rive-Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray), before moving on to literature via the Divine Comedy.  This time, the artist attempted to transpose in an abstract way the countrysides described by Dante.

 

Then, having studied the “Non Lieux” of Jean Dubuffet’s last creative period, he came up with his own response: the “Other Non Lieux”, total freedom in the strokes and backgrounds, wastelands, Nature finally freed from man and given over to itself.

 

At the moment and for several months now, he is inspired by and reflecting on the overall and instantaneous vision of a simple newspaper page and, more generally, on media in general: “What lies behind the words and the pictures?  What are they hiding from us?  Where are they leading us?  Where is the lie? Where is truth?”  These are really far-reaching questions to which the numerous answers are often contradictory.

 

                                                                                                                                                             Elisabeth Le Borgne

 

 

D’un talent et d’une essence créatrice captivante, Philippe Argatti est incontestablement  l’artiste plasticien qui a su par ses nombreuses inspirations et créations, séduire et fidéliser les passionnés d’art de la métropole rouennaise. Avec sa nouvelle série plastique « Kinbaku »l’artiste nous invite à la réflexion sur les différentes formes d’oppression  et d’enfermement que l’esprit et la matière subissent chaque jour dans nos sociétés contemporaines. Zoom sur Philippe Argatti donc l’essence plastique et picturale dénoncent le fondamental et les combats de nos existences.

 

La création artistique est l’œuvre de la liberté.

Enfermé, dans un système insidieux de censure, de répression et d’enfermement, l’homme  contemporain subit chaque jour dans ses agissements ainsi que dans sa pensée l’auto – mutilation de son expressivité. Que cette expressivité soit d’ordre musical ou littéraire, les systèmes d’exploitation politiques dans lesquels nos sociétés évoluent tentent avec divers moyens de scléroser  les pensées positives et la diffusion de celles -ci. . « Kinbaku » la nouvelle série plastique de Philippe Argatti  inspirée de l’art millénaire du bondage nippon dénonce ce constat tout en force et en subtilité. Du monolithe, aux œuvres de l’esprit, le plasticien exprime dans un entrelacs de liens savamment exploités la contrainte et l’enfermement de tout ce qui peut exprimer et véhiculer une réflexion, une idée, une émotion. Du « violon brimé »  à l’essai « L’homme unidimensionnel « d’Herbert Marcuse que  Philippe Argatti a immortalisé pour sa série, en passant par la pierre étreinte, l’artiste livre ici de véritables et extraordinaires œuvres des comportements politiques répressifs de nos sociétés contemporaines.

De l’homme naquit l’artiste.

Philippe Argentin, dit Argatti voit le jour en 1945 à Fécamp. Après un passage à l’école des beaux-arts du Havre de 1961 à 1964, l’artiste offrira au public en 1965 sa première exposition. L’esthétisme, le lyrisme et l’esprit de ses œuvres dans chacun des thèmes qu’il aborde permettent de comprendre les cycles et le cheminement du plasticien. Artiste de l’analyse, du questionnement du monde et de l’engagement artistique déployant sa force pour exprimer les maux constants de notre société, Philippe Argatti ouvre la voie du «corps parlant» de l’art plastique avec une sincérité et une approche métaphysique  qui mérite l’admiration.

La biffure, la ligne, le trait, le lien, signature langagière de l’artiste.

Sa démarche d’abstraction est de l’ordre de la profondeur et de la recherche, et «l’écriture» de son trait plastique ou pictural  n’a de cesse d’interroger la forme ou la matière dans chaque retranchement. En témoigne en autre «Chaos» et «Culture» sa série ayant pour origine les événements de 2005, et plus récemment en 2012 «Landscape» et «Censored Media» Auteur de plusieurs milliers de  créations (peintures, gravures, sculptures photos et vidéos) Philippe Argatti porte en lui la passion et l’énergie de transmettre. Constituer un catalogue réunissant son œuvre et son parcours artistique ne pourrait que rendre hommage à cet artiste à la présence rayonnante  et à la générosité débordante. Paul Klee disait «L’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible» C’est en rendant visible l’oppression au travers de son art que Philippe Argatti tente de faire entendre le profond malaise de notre société.

« Kinbaku» n’attend plus qu’un lieu d’exposition.

 

                                                          Sandrine Turquier

Aout 2015


L’univers pictural de Philippe Argatti est un champ mental, intrapsychique.

D’une résonnance sensorielle, émotionnelle d’une rare densité.

L’énergie pulsionnelle émanant de ses œuvres trouve son essence dans la capture d’un espace souterrain de sa pensée créatrice.

« Les non lieux » de Philippe Argatti sont habités, transcrits dans une écriture picturale mélodique, sensuelle, poétique.

Dans une quête profondément intime, il n’a de cesse d’explorer, pénétrer « ces non lieux », pour en décrypter aux confins de leurs abîmes faussemen s’interroge t silencieuses, la présence de plus en plus palpable d’un chant, d’un souffle, d’une écorchure dévoilant son visage sous l’exaltation de l’artiste.

La série « des graphiques » de Philippe Argatti portent à la méditation.

Chacune de ses œuvres irradient par leurs profondeurs.

Elles s’unissent, murmurent, communiquent dans un langage intemporel.

Philippe Argatti ouvre dans ses œuvres graphiques la dimension et la perception de ces autres non lieux, de ces natures, en déployant la représentation mentale topographique de l’empreinte primo-sensorielle laissée par la vision préconsciente qu’ils délivrent.

Sandrine TURQUIER

Ecrivain

Septembre 2010

 

L’artiste n’a jamais mis le moindre clivage entre la figuration et l’abstraction. Simplement, sa démarche personnelle l’a spontanément conduit vers l’abstraction (dès 1965/66). Pour lui, une œuvre doit être embrassée d’un seul coup d’œil, comme un instantané-photo ou un accident de la route. Elle doit donner à celui qui regarde LE déclic, LE choc émotionnel, visuel. Le détail n’est pas son truc. Avant d’attaquer une toile ou un dessin, il teste d’abord de nombreuses maquettes à partir d’un thème précis qu’il tente d’épuiser dans sa tête et empile ses books d’artiste.

Argatti travaille d’abord sur papier ou autres supports ordinaires, peu importe le format, le support et même l’outil comme le préconise Jean DUBUFFET. Ce qui compte, c’est d’y transférer quelque chose – une écriture personnelle -, y laisser une empreinte, une trace. Il construit. Et puis, très vite, il a envie de détruire. Alors, il caviarde, il griffe ce qu’il vient de faire. Il l’a toujours fait ou presque. Depuis de longues années, toutes ses œuvres sont hachurées et griffées. Une permanente insatisfaction ? Peut-être. Mais aussi de l’impatience. L’impatience d’en finir et de passer à autre chose.

Pour ce qui est de la toile, l’artiste affectionne les grands formats. Cela fait des années qu’il les traite par séries, par thèmes avec sa propre vision : Falaise, New-York, Nus, la musique, la danse…

En 2005, la réforme des CPE et les manifestations de rues attirent l’attention du peintre sur les médias, donnant naissance à la série Chaos. Très gestuelle, Chaos et nous interroge sur le point suivant : « Comment sortir du piège d’une société qui se délite parce qu’elle manque de culture ? ». Une sorte de bouée de secours que l’artiste a voulu tendre à l’Humanité… Une porte ouverte vers une longue réflexion philosophique.

Dès 2006, pour suivre la réflexion sur la culture, Il enchaîne avec le thème de la musique. Comme il ne sait pas écrire la musique, il invente ses propres partitions qui, dans la foulée, sont exposées à l’Hôtel-de-Région (Rouen). La danse suit. Tout au long de l’année 2007, le travail pictural se construit lentement au fil des nombreux spectacles qui nourrissent l’artiste. Le résultat : de très grandes toiles qui ont ensuite été exposées au Rive-Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray) avant de passer le relais à la littérature via la Divine Comédie. Cette fois, l’artiste s’est efforcé de transposer de manière abstraite les paysages décrits par Dante.

Puis, il en est venu à l’ultime période de création de Jean Dubuffet : « Les Non-lieux » qu’il a étudiés et rejoints en y ajoutant son propre regard : « Les AutreNon-lieux » – la friche, la nature enfin libérée de l’homme, rendue à elle-même – avec lesquels il a pris une totale liberté, tant dans le trait que dans les fonds.

Depuis plusieurs mois, il mène une réflexion inspirée par la vision globale et instantanée d’une simple page de journal et plus globalement de tous les médias : « Qu’y a-t-il derrière les mots et les images ? Que nous cachent-ils ? Où nous emmènent-ils ? Où est le mensonge ? Où est la vérité ? » De bien vastes questions et de multiples réponses trop souvent contradictoires.

Elisabeth Le Borgne